En Italie, Christoffer Wilhelm Eckersberg se confronta aux monuments antiques en essayant par le dessin d’en comprendre les articulations. Le choix de ses points de vue et de ses cadrages sont particulièrement intéressants pour comprendre la manière dont il conçoit la coordination artificielle de plans complexes topographiquement. Cette expérience italienne a certainement eu une importance pour la suite de sa carrière. Eckersberg se stabilise à Copenhague vers 1820 ou il peint la haute société danoise. En marge de son activité officielle, il travaille à partir des années 1830 à l’établissement d’un traité de perspective intitulé Linearperspectiven. Il réalise un nombre très important de dessins préparatoires représentant des fragments de ville, des coins de rues ou des façades de maisons. Dessins à la plume très précis et linéaires qui mettent en évidence les volumes et leur inscription dans l’espace. Le livre d’Eckersberg avait pour ambition d’approcher de manière théoriques des aspects déterminants de la création nordique : l’angle d’approche du sujet, la focalisation sur le motif, les lumières et les mises en perspectives d’ombres portées… L’artiste insère très souvent quelques personnages qui permettent de donner une échelle et de travailler sur les différentes longueurs des projections d’ombres.
 
Notre dessin représentant un fragment de l’arche menant à la prison de Copenhague nous semble pouvoir être rapproché de ce travail de recherche préparatoire à l’établissement du traité. Les silhouettes des figures placées de manière arbitraire dans l’espace sont très proches des dessins conservés au Statens Museum for Kunst de Copenhague admis comme des étapes préalables à Linearperspektiven. D’autre part, la ligne tracée à l’encre pour fermer la composition est caractéristique des études architecturales d’Eckersberg et donne au dessin le statut de phase préalable à un dessin plus élaboré aquarellé. L’iconographie de notre œuvre est particulièrement intéressante puisqu’il s’agit d’un monument très fréquemment traité par les peintres de l’âge d’or danois. Cette arche emblématique, à la fois lieu de passage et de rencontre puis porche menant à un lieu d’enferment, condense un grand nombre d’intérêt pour les peintres. Martinus Rørbye, par exemple,  a démontré dans plusieurs peintures importantes sa capacité à renouveler la lecture de ce monument en le présentant frontalement et en coupant la partie supérieure (La prison de Copenhague, 1831, Statens Museum for Kunst, Copenhague).
 
G. P.

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