• Ill. 1 : Jean-Henry d'Arles, dit Henry d'Arles, Paysage côtier sous un orage, 1758, huile sur toile, 224 x 140 cm, Valence, musée.

    Ill. 2 : Jean-Henry d'Arles, dit Henry d'Arles, Villafe en feu, 1758, huile sur toile, 224 x 165 cm, Valence, musée.

    Ill. 3 : Jean-Henry d'Arles, dit Henry d'Arles, Naufrage près d'une côte, 1758, huile sur toile, 211,5 x 125 cm, collection particulière.

    Ill. 1 : Jean-Henry d'Arles, dit Henry d'Arles, Ruines antiques à l'entrée d'un port méditerranéen, 1758, huile sur toile, 212 x 126 cm, collection particulière.

Cet Arlésien se forme à Marseille auprès du peintre de fleurs et de paysage Kappeller. Lauréat du premier prix du premier concours de l’Académie de Marseille, fondée en 1753, il devient l’assistant de Joseph Vernet lorsque celui-ci s’établit dans la ville pour y exécuter la première vue de sa série des Ports de France, commandée par le roi la même année. Quoique de courte durée, cette collaboration est néanmoins déterminante pour le jeune artiste qui devient, au même titre que Jean-François Hue, Pierre-Jacques Volaire ou Charles-François Lacroix, l’un des plus talentueux émules de Vernet. Les débuts prometteurs du jeune artiste lui valent la protection du financier Jean-Baptiste Rey, qui lui permet de résider à Rome deux années durant. De retour en 1755, Henry est agréé à l’Académie de Marseille et en devient membre l’année suivante.

Daté de 1760 et localisé à Rome, notre Paysage côtier avec des ruines romaines offre un point de repère dans la biographie encore très lacunaire de l’artiste. L’attestation d’un second séjour à Rome élargit de fait la connaissance que l’on pouvait avoir de la communauté des paysagistes français dans la péninsule au milieu du XVIIIe siècle. Henry d’Arles y précède notamment le « chevalier Volaire » (il arrivera en 1762), cependant on ignore s’il fréquente l’Académie de France à Rome, qui compte dans ces années, parmi ses pensionnaires, Hubert Robert et Jean-Honoré Fragonard.

Notre paysage est l’un des cinq éléments connus d’une série de sept qui ornait la salle à manger de l’hôtel particulier construit rue de Grignan, en 1774, par Guillaume de Paul (1738-1793), ancien lieutenant général de la sénéchaussée de Marseille, membre depuis 1763 de l’Académie des belles-lettres et de l’Académie de peinture et de sculpture de la ville1. On ignore cependant si celui-ci fut le commanditaire originel de l’ensemble commencé, au plus tard, en 1758, alors qu’il était âgé de vingt ans. De même, la première destination de ces oeuvres nous échappe. Conservés au musée des Beaux-Arts de Valence, le Paysage côtier sous un orage et le Village en feu2 (ill. 1 et 2) sont l’expression précoce et maîtrisée du sublime dans le paysage français du XVIIIe siècle, et anticipent les productions de Loutherbourg et de Volaire, qui allaient se faire une spécialité de cette catégorie esthétique. Une autre paire, formée d’un Naufrage près d’une côte (ill. 3) et de Ruines antiques à l’entrée d’un port méditerranéen (ill. 4), manifeste plus explicitement une dette à Vernet en développant la dialectique contradictoire du temps calme opposé aux éléments déchaînés dans le genre de la marine3. Enfin, il est possible que les deux paysages rocheux, faisant pendant, récemment apparus en vente publique soient la paire manquante qui complète l’ensemble4.

Composé sur le mode du caprice de ruines, notre tableau présente un étagement d’éléments architecturaux démontrant une invention affranchie des modèles vernétiens : voûtes éventrées du Colysée, surmontées de la colonnade d’un temple évocateur du forum romain, que surplombe un anachronique clocher lombard, la pyramide de Sextius se dessinant à droite dans le lointain. À l’instar de son illustre maître toutefois, Henry démontre son excellence dans une partie souvent négligée par les paysagistes, comme étant accessoire à leur genre : la figure humaine. Soldats, pêcheurs, bouviers, chevriers, animent le paysage d’épisodes pittoresques dont le naturel trahit l’étude sur le motif. Guillaume de Paul était réputé entretenir des relations avec les plus grands artistes de son temps, Boucher, Greuze, Van Loo, Joseph Vernet, tous
représentés dans sa collection, qui comptait en plus des oeuvres de Salvator Rosa, Mignard, Largillière, Watteau, Lancret, Oudry, Pannini, Loutherbourg, Vien, entre autres. Si la moitié de sa collection fut léguée au musée des Beaux-Arts de Marseille en 1890 par une descendante, le décor de sa salle à manger fut dispersé à une date inconnue. (M.K.)

 

 

1. Émile Perrier, Les Bibliophiles et les collectionneurs provençaux anciens et modernes, Marseille, 1897, p. 397-405 ; Anne Jouve, Guillaume de Paul. 1738-1793. Un collectionneur marseillais au siècle des Lumières, cat. exp. Marseille, musée des Beaux-Arts, 1993, p. 22-25.
2. Sotheby’s, New York, 28 janvier 1999, lot 324, où ils sont acquis par le musée des Beaux-Arts de Valence. Ces tableaux présentent la même bordure que le nôtre.
3. Naufrage près d’une côte, 1758, huile sur toile, 211,5 x 125 cm, 26 avril 2007, Tajan, 19 décembre 2007, lot 48, et Ruines antiques à l’entrée d’un port méditerranéen, 1758, huile sur toile, 212 x 126 cm, vente à Marseille, Leclère, 12 mars 2011, lot 18 (la date de 1768 indiquée dans le catalogue de la vente résulte sans doute d’une erreur de lecture si on en juge par celle des trois autres morceaux).
4. Soldats et pêcheurs dans un paysage rocheux et Jeune femme et pêcheurs près d’une cascade, huiles sur toiles, 220 x 105 cm, vente à Paris, Millon et associés, 19 juin 2015, lot 450.

 

 

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