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(Lyon 1776 – 1842)
Marie Stuart séparée de ses fidèles serviteurs, Salon de 1822
Après une première formation lyonnaise chez un fabriquant de papier peint, Révoil s’est rendu à Paris vers 1795 pour entrer dans l’atelier de David. Rejoint par son condisciple et ami Fleury Richard, il devient avec ce dernier l’un des initiateurs de la peinture « troubadour », nouveau genre s’attachant à l’histoire nationale du Moyen-Âge et de la Renaissance, traité sur le mode anecdotique de la scène de genre avec le faire méticuleux des peintres hollandais.
Manifeste royaliste, Marie-Stuart séparée de ses fidèles serviteurs illustre la passion de la Restauration pour la reine d’Ecosse, dont le destin rappelait celui de Marie-Antoinette. L’œuvre a été commandée par le duc Edouard de Fitz-James, descendant d’un fils bâtard de Jacques II d’Angleterre. Dans le livret du Salon de 1822, où elle fut exposée, Révoil fit insérer une description donnant au public les clés pour la lire : « Cette princesse, conduite par le shérif, et soutenue par un des valets d’Amias Paulet, son gardien, sort de son appartement pour aller au supplice. Les gens de sa maison se précipitent à la porte pour la suivre : mais Amias les repousse, en leur criant des injures. Alors forcés de se séparer de leur reine, ils lui donnent des dernières marques de respect, d’amour et de désespoir. Marie presse un crucifix contre son cœur et lève les yeux au ciel, afin de ranimer son courage, que tant de témoignages d’attachement pourraient seuls ébranler. Les comtes de Kent et de Sherosbery attendent la victime dans l’escalier du château. »
L’éloge qu’en fit Landon dans son ouvrage sur le Salon résume l’accueil favorable du tableau : « M. Révoil, accoutumé à traiter avec un agrément particulier les sujets gracieux, galans et légers, n’est point resté au-dessous de son talent, en retraçant cette scène noble et pathétique, et l’une des plus touchante que puissent offrir les annales des temps modernes. L’expression et les caractères des différents personnages sont heureusement saisis, et l’exécution du tableau rappelle le pinceau délicat et fini d’un de nos artistes les plus distingués. »
Le tableau captiva la duchesse du Berry au point qu’elle en priva son commanditaire en l’achetant à la clôture du Salon pour 3000 francs, forte somme pour un tableau de cabinet. Petite-nièce de Marie-Antoinette par son père, François Ier des Deux-Siciles, comme par sa mère, Marie-Clémentine d’Autriche, la belle-fille de Charles X vouait un culte à la reine d’Ecosse dont la mort rappelait celle de sa grand-tante, le costume de la Renaissance ajoutant au souvenir familial un supplément de romantisme.
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