• Ill. 1 : Niels Simonsen, Vue du port d'Alger, 1843, huile sur toile, 66,5 x 102,5 cm, collection privée.

Niels Simonsen fait partie du courant dit « européen » de l’art danois. Ne s’étant pas contenté de saisir l’atmosphère des paysages nordiques, ou de réaliser un séjour d’étude à Paris ou à Rome, comme bon nombre de ses concitoyens, Simonsen a voyagé aux quatre coins de l’Europe et a mené une carrière assez personnelle entremêlant de multiples influences. Il se démarque ainsi du sentiment nationaliste promu pendant « l’Âge d’or » de la peinture danoise (1800-1850) en réaction aux conflits qui ont meurtri le Danemark et l’ont plongé dans une crise identitaire, économique et territoriale.

Tout juste âgé de seize ans, il intègre l’Académie des beaux-arts de Copenhague et devient l’élève de Johan Ludvig Lund, qui s’est particulièrement illustré avec des oeuvres religieuses ou historiques. Il s’installe une dizaine d’années à Munich où il poursuit ses études à l’Académie des arts, puis voyage dans le sud de l’Allemagne, traverse le Tyrol autrichien, ainsi que l’Italie et plus tard la Suède… Il rapporte de nombreux paysages, principalement de montagnes ou de bords de mer, et des portraits assez expressifs cadrés de près sur ses modèles. Au Danemark, il rencontre le succès en peignant plusieurs batailles importantes des guerres de Schleswig qui opposent les duchés danois à la Prusse (1848 et 1864).

En 1840, Simonsen passe quelques mois en Algérie et découvre un pays dominé par les Français depuis une dizaine d’années. Il réalise de nombreuses vues des abords d’Alger (ill. 1), assez fidèles topographiquement, et met en scène des Arabes dans des situations pittoresques. À la même période, Louis-Philippe commande à Horace Vernet une série de peintures représentant les batailles ayant mené à la conquête d’abord de la capitale, puis de l’ensemble du territoire algérien. Des oeuvres de propagande directement inspirées par les esquisses d’ordre ethnographique réalisées sur le terrain. L’artiste danois n’est pas tenu par les mêmes obligations politiques, il se désintéresse de la question militaire et du pouvoir, mais s’attache principalement à restituer les configurations urbanistiques de la ville et tente d’en saisir l’essence, les lumières, la transparence de l’air. Compte tenu des qualités d’exécution et du degré d’achèvement, notre Vue d’Alger devant les remparts a très certainement été peinte à l’atelier d’après des croquis relevés en plein air. Une unité chromatique se dégage de ses travaux d’observation qui associent le plus souvent une imbrication de bâtiments blancs fortement éclairés et un morceau de nature vierge où poussent des végétaux luxuriants, principalement des cactus et des agaves, traités comme de véritables natures mortes. Ses vues d’Algérie font de Niels Simonsen l’un des principaux, et rares, représentants de la peinture orientaliste danoise. Il donne un éclairage nordique à son sujet orientalisant, découpe les pans de murs, simples aplats de couleur brossés, à la manière d’un Martinus Rørbye, et étudie avec minutie les herbes, les feuilles et les plantes comme Peter Christian Skovgaard, mais, contrairement à ses compatriotes, il a démontré une capacité à s’intéresser à l’Autre, à en proposer une représentation respectueuse, et à échapper aux stéréotypes et modèles iconographiques de l’Âge d’or danois. (G.P.)

 

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