Lauréat du prix de Rome de 1775, David se rend en Italie en compagnie de son maître Joseph-Marie Vien, nommé à la tête de l’Académie de France à Rome. Durant son séjour de pensionnaire du roi qui va durer jusqu’en 1780, il dessine inlassablement tous les objets qui s’offrent à son appétit de connaissance : relevés d’après l’antique, esquisses d’après les grands maîtres, croquis de paysage et étude d’après nature remplissent ses carnets. Difficile aujourd’hui de dégager de cette abondante moisson graphique un programme d’étude préétabli, ses carnets originels ayant été considérablement altérés – dépecés et réordonnés par l’artiste à son retour en France, puis à nouveau mis en pièces et recomposés par ses héritiers. Mais il est certain que l’artiste se constituait ainsi la réserve documentaire de toute une vie, en même temps qu’une source d’inspiration pour ses compositions.

 

La technique de notre Scène de déploration et de son verso, est caractéristique de cette période de production graphique intense : l’application du lavis gris sur une esquisse au crayon très sommaire est l’une des techniques qu’il emploie le plus fréquemment, quel que fût le sujet. L’économie qui la caractérise répond à une exigence d’efficacité, en terme de rapidité d’exécution et d’information plastique. Cette manière de dessiner se prolonge à son retour en France, à l’automne 1780, alors qu’il explore sur le papier des sujets pour son morceau de réception. La scène de Priam aux pieds d’Achille dessinée au verso s’inscrit manifestement dans ces recherches. Comme il s’agit d’une composition de son invention, quoique influencée par un bas-relief romain, on serait tenter de voir aussi dans la Scène de déploration une pensée originale plutôt qu’une copie d’après l’antique ou un maître italien. Elle peut-être rapprochée du groupe de Camille tuée par Horace vainqueur esquissé en 1781 ou 1782 au dos d’un dessin de la Mort de Socrate. La coexistence de ces trois sujets montre que le peintre, au moment d’accomplir un pas décisif dans sa carrière – sa réception comme membre de l’Académie – hésite entre plusieurs genres d’histoire : la pathos homérique (Priam), l’antiquité violente (Camille) et l’exemplum virtutis (Socrate). Il choisira le premier, en se portant toutefois vers un sujet plus théâtral, la douleur d’Andromaque.

 

 


Provenance :
Paraphes d’Eugène (Lugt 839) et Jules (L. 1437) David en bas à gauche. – Peut-être vente David, Paris, 17 avril et jours suivants (lot non décrit).

 

 

Etat : Très bon.

 

 

Bibliographie : Mehdi Korchane dans La Dernière Nuit de Troie. Histoire et violence autour de la mort de Priam de Pierre Guérin, cat. exp. Angers, musée des Beaux-Arts (Paris, Somogy/Angers, musée des Beaux-Arts, 2012), p. 74 et fig. 29, 96-97 et fig. 41.

 

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